Jean-Robert Choquet fait partie de ces leaders de l’ombre qui font le choix d’appuyer un leader politique pour qu’il réussisse à livrer son projet politique sans être perturbé par tous les problèmes administratifs et politiques. Le leader politique peut ainsi se consacrer entièrement au travail prioritaire de direction, et de communication. Il a participé à la fondation du RCM en 1974 au moment où Jean Doré assumait la tâche de trésorier du parti. En 1982, il était chef de cabinet du ministre Lucien Lessard à Québec. Ce dernier démissionne. Jean Doré saisit l’opportunité et le convainc de prendre la direction de la campagne électorale. Il sera encore sur les rangs en 1986, prêt à prendre en charge le poste de chef de cabinet pour les huit prochaines années.
Cette fidélité tient à la relation personnelle qu’il entretient avec Jean Doré, « faite d’amitié, de confiance et de respect, mais aussi, je dois le dire, à cause d’une sorte de fascination devant son envergure intellectuelle, sa curiosité insatiable, son énergie sans bornes et, sans aucun doute, son courage. »
Il ne prend jamais la parole en public. L’hommage à son ami Jean Doré fait exception.
Cet hommage est construit en quatre temps, qui touchent à des dimensions différentes du travail politique avec cette profondeur unique d’une personne-clé pour qui la gestion politique et administrative de Montréal n’a plus de secrets.
Temps1 – La préparation – Tout en reconnaissant la force de l’adversaire Jean Drapeau, dont le Parti civique connaît un regain d’énergie avec Yvon Lamarre, il met en évidence la capacité de Jean Doré, chef de l’opposition, de changer la donne. En relation avec les partis d’opposition des grandes villes du Québec, Jean Doré obtient du gouvernement du Québec un projet de loi qui oblige ces municipalités à fournir un budget de recherche aux élus de l’opposition. Une victoire qui annonce l’imminence de la réforme de la démocratie municipale pilotée par Jean Doré et le RCM.
Temps 2 – L’équipe Jean Doré avait la réputation d’être un homme d’équipe. Derrière lui, son chef de cabinet veillait à la formation et la cohésion des équipes. Un parti uni et capable de gagner des élections tout en respectant l’éthique léguée par René Lévesque et pratiquée par Jean Doré. « Des élus municipaux allumés, documentés, motivés et, n’en doutez pas, tous dotés d’un très bon esprit critique…». Une nouvelle génération de fonctionnaires, « des collaborateurs administratifs compétents, dévoués et créatifs », dynamisés par la confiance du maire. Un cabinet, sous la direction de Jean-Robert Choquet, capable d’assurer le suivi des directives et de transmettre les messages des élus et de l’appareil administratif. « Nous savons tous qu’il parlait beaucoup, mais il a également réalisé beaucoup. Grand parleur, grand faiseur. »
Temps 3 – L’aménagement urbain et le développement économique
Jean-Robert Choquet souligne que Jean Doré s’est distingué de son prédécesseur par « son immense intérêt pour l’aménagement urbain et le développement économique ». Cette distinction s’appuie sur l’impact du plan d’urbanisme de 1992 qui continue, encore de nos jours, à livrer les fruits d’une vision validée par la consultation publique. Il choisit de mettre en évidence le fait que Jean Doré était lui-même un visionnaire courageux et déterminé. Il a proposé en 1994 le réaménagement de l’entrée de l’autoroute Bonaventure et il est revenu à la charge en 1998, malgré le fait que ce projet était toujours décrié par les médias. Repris par le maire Tremblay, poursuivi par le maire Coderre, le projet sera terminé en 2017. Il interpelle le maire Coderre pour que celui-ci ait une bonne pensée pour Jean Doré au moment de l’inauguration.
Temps 4 – Le rayonnement
Jean Doré a aussi assuré la continuité du rayonnement de Montréal qui fut la grande force de Jean Drapeau, mais à sa façon, en travaillant un réseau d’alliances. C’est ainsi qu’il a cultivé les liens avec les premiers ministres aussi bien qu’avec les partis d’opposition, avec les maires de la Communauté urbaine de Montréal, de Québec, de Toronto et les autres maires du Big City Mayors Caucus, ce qui lui a permis de gagner le statut de priorité nationale pour les infrastructures urbaines. Sa présence dans les réseaux internationaux tels que l’Association internationale des maires francophones, au 3e Sommet des grandes villes du monde, de même qu’à la 5e Biennale des villes d’hiver qui ont eu lieu à Montréal lui aura valu d’être « désigné par ses pairs comme représentant de tous les maires du monde lors du Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en juin 1992. »
« En conclusion, lors des émouvantes retrouvailles du 14 décembre dernier, Jean Doré nous a remerciés pour lui avoir permis de réussir sa vie.
Jean, à notre tour de te remercier, pour nous avoir permis, en travaillant avec toi pour Montréal et les Montréalais, de réussir la nôtre. »