Le Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal est le premier parti politique municipal au Québec à s’être constitué en « un véritable parti, avec des membres individuels, qui veut rejoindre l’ensemble de l’électorat » (1)
Il est aussi le premier parti municipal à la fois progressiste et démocratique à avoir pris le pouvoir de l’administration municipale de la Ville de Montréal. Il a été créé pour mettre fin à l’exercice autocratique du pouvoir du maire Jean Drapeau et pour recentrer l’administration municipale sur une vision du vivre en ville à Montréal définie par et pour ses citoyens. Le RCM s’est inscrit dans la durée de 1974 à 2001.
Il aura fallu 12 années de travail d’opposition au conseil municipal avant de convaincre la population montréalaise de lui accorder un premier mandat.
L’élection de 1974 aura consacré l’intérêt des citoyens pour une opposition solide, avec l’élection de 18 conseillers municipaux. Jacques Couture, travailleur social et prêtre catholique est le candidat à la mairie. Il mène la bataille électorale et récolte 39% des votes, un résultat étonnant pour une première élection. Entre 1974 et 1978, la formation politique regroupant des intérêts très diversifiés a toutefois été le foyer de conflits idéologiques divisifs et représentatifs du bouillonnement culturel et politique spécifique aux années 70.
C’est ainsi que l’élection de 1978 a été marquée par le retour en force du maire Jean Drapeau et de son Parti civique. L’urbaniste Guy Duquette est le candidat à la mairie et il est battu avec un score de 12,5% des votes. L’opposition aura été limitée à la réélection de deux conseillers municipaux issus du RCM, Michael Fainstat et Nick Auf der Maur, dissident du RCM et chef de file d’un nouveau parti, le GAM. Michael Fainstat a assumé le rôle de chef de l’opposition de manière exemplaire et il aura inspiré le renouvellement de l’unité au RCM.
L’élection de 1982 marque le retour du RCM avec Jean Doré comme candidat à la mairie et l’élection d’une équipe de 15 conseillers municipaux. Le RCM prend la place de l’opposition officielle avec 36% du vote et se positionne pour la victoire en 1986. Jean Doré est élu au conseil municipal en 1984, dans le cadre d’une élection partielle, le conseiller Jean Roy lui ayant ouvert cette voie de sa propre initiative.
C’est en 1986 que Jean Doré et le RCM remportent la victoire aux élections municipales et commencent à mettre en oeuvre le processus de démocratisation et de réalisation du programme du RCM. L’élection du 4 novembre 1990 assure un deuxième mandat à Jean Doré et au RCM.
L’expérience de l’administration municipale sous Jean Doré et le RCM prend fin à l’élection du 6 novembre 1994. C’est un contexte de récession, de baisse des valeurs foncières, du retrait du financement par le gouvernement Bourassa de sa part du déficit du transport en commun (1992) et de hausses de taxes subséquentes. Pierre Bourque, ex-fonctionnaire de la Ville de Montréal et directeur du Jardin botanique est élu maire.
Au cours des années qui suivent, les divisions affaiblissent le RCM. En 1998, Jean Doré crée un nouveau parti sous le nom d’Équipe Montréal et subit la défaite tandis que le RCM, sous la direction de Michel Prescott, arrive en deuxième position. Les résultats de cette élection confirment la réélection du maire Pierre Bourque.
En 2001, le RCM, sous la présidence d’Abe Limonchik, forme une coalition avec Union Montréal, sous la direction de Gérald Tremblay. Le maire Tremblay et Union Montréal sont élus le 5 novembre 2001. Le pouvoir municipal de la métropole est alors radicalement transformé par une législation du gouvernement Bouchard sous la direction de Louise Harel (2), ministre des Affaires municipales et, également, ministre d’état à la métropole. La fusion des municipalités de l’Île de Montréal est imposée, avec, en contrepartie, une décentralisation du pouvoir local au profit des arrondissements créés par l’administration Doré-RCM et des municipalités annexées. Le RCM met fin à son existence.
(1)
Paul-André Linteau Histoire de Montréal depuis la Confédération. Montréal, Boréal, 1992, p. 541, Cité dans P 86 Fonds du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal (RCM) – Archives de Montréal.
(2)
Louise Harel représentait le Parti québécois dans la coalition qui a fondé le RCM en 1974.